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Big Mac & Nuggets

14 février 2011

Vivre tue

"Quelle est la fonction du juge ? Est-elle de nous protéger de la dangerosité de quelques fauves tapis sous des allures de paumés, ou d'évaluer la responsabilité de leurs actes en tant qu'homme libres d'une société démocratique ? La réponse est dans la question, bien sûr, à ceci près qu'être un homme libre, c'est être capable de contenir ses pulsions et qu'on se demande bien comment des éducateurs, aussi nombreux soient-ils, parviendraient à donner du sens à une société qui en est dépourvue, qui glorifie la réussite de l'argent et destine ses perdants aux flammes de l'enfer social.

 

 

Le juge devrait être humble : il ne possède pas la baguette magique qui transforme les citrouilles en carrosses et les grenouilles en jolies fées. Et l'on devrait cesser de croire que les hommes sont des machines programmables par des psy et des éducateurs qui, s'ils étaient capables de tenir leurs promesses, en auraient depuis longtemps fait la preuve.

(...)

Cessons de réclamer des moyens pour continuer de faire toujours aussi mal ce que nous ne saurons de toute façon jamais faire. Nous ne changerons pas l'homme parce que cela n'est pas en notre pouvoir, ni d'ailleurs en celui de personne. Renvoyons la société à savoir elle-même ce qu'elle veut et à l'assumer".

Jean de Maillard, magistrat

(Extraits de la réaction aux propos des uns, pointant la défaillance des juges, et des autres, hurlant leur manque de moyens, après ce qui est convenu d'appeler "l'Affaire Laëtitia").

 

 

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9 janvier 2011

Les deux mille et dix nuits d'Edgar Morin

Le dimanche, il y a de la place pour un barbotage dans l'eau de la mare, comme il y en a pour les amoureux ou les indolents - les uns n'excluant pas les autres -, qui adorent visiter le dessous de la couette en prenant le temps d'en ausculter toutes les coutures, ou en faisant mine tout simplement. Il y en a pour les fidèles et pour les angoissés, que la fureur de Dieu ou la reprise du lundi effraient. Il y en a aussi pour les amateurs de parenthèses, qui s'offrent une toile par temps de pluie, une promenade en plein air sinon, et qui s'autoriseront en rentrant, à la nuit tombée, un détour par le Mac Do'.

Adieu 2010, on ne te regrettera pas

Premier dimanche - ou presque - de 2011. Le ventre est vide, mais la tête est, elle, remplie d'une lecture saine et, pourtant, anxiogène. Edgar Morin raconte 2010 dans un article paru sur LeMonde.fr - on croirait, au fond, qu'il raconte le siècle ou bien les hommes.

Le tableau est sombre. Partout des "refermetures ethniques, nationales, religieuses", des "dislocations", des "conflits". "Libertés et tolérances régressent, observe-t-il, fanatismes et manichéismes progressent". Mais quel monde son "homo demens" construit-il donc pour demain ?

Tableau noir clair 

L'avenir, c'est demain. Et si le monde s'est transformé comme ça, pourquoi demeurerait-il figé maintenant ? La vision du monde, si dure, d'Edgar Morin est ponctuée d'un semblant de lueur : "Les décompositions sont nécessaires aux nouvelles compositions".

Une note d'optimisme mesuré à défaut d'être prudent - y a-t-il beaucoup plus à perdre ? -, qui suppose que l'on puisse encore faire confiance à l'homme ou à la nature des choses, que l'on puisse croire au fatal renversement des puissances, un jour. Un pari sur le futur, en somme. N'ajoutons pas, cependant, à la noirceur du monde puisque, selon un proverbe turc, "les nuits sont enceintes et nul ne connaît le jour qui naîtra".

6 janvier 2010

« Citius, Altius, Fortius »

2010 commence par un morceau de choix, presque trop beau pour ne pas être pris comme point de départ de ce carnet de voyages à travers le temps : la Burj Khalifa, la tour la plus haute du monde, est sortie des dunes et vient d'être inaugurée en grandes pompes à Dubaï.

 


La Burj Khalifa (828 m), vue par la pub.

Un feu d'artifices

BurjToujours plus loin, plus haut, plus fort ; Coubertin n'a jamais été aussi vivant. Le goût du luxe et de l'apparence, le sens de la compétition sont exaltés à leur degré maximal. L'homme prouve sa toute-puissance. Il défie victorieusement la nature ; il écrase ses semblables et suscite, dans le même temps, une inexplicable jalousie, qui invite à la surenchère et annonce, déjà, pour demain, une autre tour.

Avoir la tête dans les nuages, au propre comme au figuré. On dirait plutôt qu'ils ont choisi de l'avoir dans le sable. Le seul Etat de la péninsule arabique privé de pétrole est en faillite. Tous les voyants sont au rouge. Mais la crise économique rebondit sur ceux qui ont les moyens de l'ignorer ou qui croient qu'en le tutoyant, le ciel consent davantage à épargner.

Plastic city ou Metropolis

Interviewé sur France Inter, un expatrié anglais sur le point de quitter le champignon dubaïote résume la ville à un mot : "plastic". Un nouveau Théâtre des rêves, un autre Old Trafford, le ballon en moins.

Qu'importe le reste, pourvu qu'on ait l'argent et que dure l'illusion, le mirage... Bienvenue dans le monde des hommes. Coin.

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